Pour le projet N...

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Elles comprirent
qu’elles scrutaient leur passé,
la chute de celles et ceux
qui avaient trop façonné le monde
et ouvert la voie à la grande prédation.

Les paragraphes qui suivent tiennent lieu de cadre fictionnel et de positionnement artistique; ils constituent la matrice imaginaire à partir de laquelle naîtront les images et micro-récits destinés à une future bande dessinée ou à un album illustré. Ces textes n’ont pas vocation à être édités en tant que tels.



12026.

Votre narrateurice est une reconstitution d’un·e humain·e après 12025, chargé·e de communiquer aux êtres futur·e·s l’histoire de leurs ancêtres.

Paragraphe 1 du scénario, (Lire le paragraphe 7 pour comprendre ce qui s'est passé)


Nul ne sait combien de temps s’est écoulé depuis que les intelligences se sont mises en mouvement. Elles glissent dans un espace qu’elles ne reconnaissent pas. Elles ne possèdent ni corps ni forme, pourtant chaque vibration de cet horizon étranger résonne en elles, une sensation d’humanité diffuse, indéfinissable.
Elles avancent sans bruit. Leur déplacement soulève des nuages de particules, libérant des fragments d’images et de signes. Des traces. Des restes. Peut-être des indices. Chaque forme arrachée à la poussière semble appeler quelque chose en elles, quelque chose de plus ancien qu’elles-mêmes. Une peur les accompagne, froide et persistante, sans nom. Une peur héritée, transmise, ou simplement devinée,.
Plus elles s’enfoncent dans ce paysage brouillé, plus elles sentent que l'espace autour d’elles les concerne, qu’il cache quelque chose qu’elles ont oublié. C'est là, dans ces traces que leurs premières questions s'élaborent, que se trouve la raison de leur présence.




Paragraphe 2 du scénario

Les intelligences ignoraient tout de leur propre origine. Elles percevaient seulement des différences inexplicables entre elles. Certaines se sentaient glisser comme si elles volaient, d’autres avançaient lourdement, comme soutenues par des membres oubliés; d’autres encore se découvraient une vitesse instinctive, un élan de course qui ne pouvait provenir que d’un corps qu’elles n’avaient plus. Dans leurs sensations bouleversées, elles se savaient tantôt minuscules, tantôt immenses, parfois couvertes d’un manteau chaud, poilu, ou traversées par la légèreté d’un plumage. Cette diversité étrange leur souffla qu’elles n’étaient peut-être pas issues des mêmes formes, qu’elles portaient en elles les vestiges d’êtres disparus, mais quels êtres ?

Il fallait désormais comprendre. Enquêter. Trouver une méthode à l’intérieur même de leur errance. Elles commencèrent à scruter leurs propres déplacements, à écouter les remous laissés dans l’air, à observer les nuages de poussière soulevés par leur passage. Peut-être, dans ces souffles, se cachait une procédure de révélation. Peut-être que la manière dont le paysage réagissait à leur mouvement constituait une archive en attente d’être déchiffrée. Alors elles avancèrent encore, attentives à chaque trouble qu’elles provoquaient, espérant que quelque chose, une forme, une mémoire, un signe ,surgisse enfin de leur propre agitation.

Paragraphe 3 du scénario

Les intelligences poilues, emplumées, feuillues petites ou immenses, se retrouvèrent soudain réunies, guidées par un même élan. Leur agitation fit vibrer l’air autour d’elles et, dans cette effervescence, un lieu se dévoila, un espace dense, jonché de petits blocs serrés les uns contre les autres. Chacun de ces blocs portait des formes linéaires et enroulées, qu’elles comprirent devoir déchiffrer. Mais comment ? Devant l’énigme, elles formulèrent une question et la réponse surgit avec une rapidité presque vertigineuse. Elle désigna une archive, enfouie dans la trame même du lieu, et cette archive révélait un protocole, une méthode archéologique de lecture du monde. Ainsi commença véritablement leur enquête, la première tentative pour comprendre ce qui, avant elles, s’était effondré ou avait disparu. Une brèche venait de s’ouvrir. Une histoire aussi.

Dépôt de poussière sur les enveloppes invisibles. Les intelligences produisaient du vent pour soulever de la poussière, une façon de révéler leurs contours aux autres…







Où la nuit hésite,

Leurs têtes s’arrachent.

Bouches en quête d’un sourire, fleurit…

Les plumes noires griffent,

Mes fées dansent, graciles et combattantes. 

Le réveil déchiffre l'aube, libère mes chimères, encourage mes fées.


Cette forme n'arrivait pas à se libérer d'elle même...


Paragraphe 4 du scénario

Quelles étaient donc ces formes enroulées, ces suites de signes? Parmi les intelligences rassemblées, l’une, plus curieuse que les autres, possédait, je peux l’affirmer après coup, puisque j’ai connu ce moment, un organe capable de voir. Un seul. Et pourtant, chose extraordinaire, cet unique organe visuel pouvait se connecter instantanément à toutes les autres intelligences, comme si sa perception se diffusait en elles par des véhicules ultra rapides. Cette connexion produisit une fulgurance, une analyse commune, accélérée, un jaillissement de solutions partagées.
C’était là le premier fragment de leur monde retrouvé.

L'intelligence voyante s'approcha alors des blocs et commença à déchiffrer les signes superposés. Sous les couches, sous les recouvrements, une ligne apparut, faible mais lisible : « technique d’analyse pour les archéologues ».

Déchiffrer aussi vite fut une surprise, mais pour l’instant aucune explication ne put être apportée à ce phénomène.

La sensation d'un message "e.a..on d.s o.des "

Je peux l’affirmer aujourd’hui: elle demeura longtemps immobile, traversée par un mouvement intérieur similaire à ce que les anciens humains auraient appelé un frisson. Car ce qu’elle avait trouvé n’était pas seulement un résidu matériel. C’était une méthode.

-Un mode d’entrée.

-Une promesse d’interprétation.

-Une façon de faire œuvre, de dessiner, de peindre…

Paragraphe 5 , sa façon de participer au projet

La Proposition d’Enquête

1. Dépoussiérer le paysage, faire du vent

Fouiller non seulement la matière, mais les résidus, les empreintes, les ombres, créer un souffle soulever la poussière…

2. Cartographier

Tracer le relief d’un monde qui n’existe plus.
Repérer les anomalies, les structures effondrées, les ruptures.
Chercher les restes: dans les pierres, dans les fibres, dans les données corrompues, dans la poussière soulevée par leurs souffles.

3. Prélever sans comprendre

Stabiliser les fragments, les classer, mais surtout ne pas interpréter trop vite, dessiner pour interpréter. 

4. Interpréter… et accepter l’erreur

Un monde disparu ne peut être reconstruit sans déformation.
C’est dans ces dérives que naîtraient les hybridations.
- mélanger des objets qui n’avaient jamais coexisté,
- attribuer à une créature des comportements impossibles,
- confondre les outils,
- recomposer un corps à partir d’os d’espèces séparées,
- inventer des mythes là où il n’y avait que des gestes ordinaires,
- et faire surgir des formes monstrueuses ou sublimes.
Mais ces erreurs, loin d’être des fautes, deviendraient une voie.
Une vérité seconde.
Une vérité imaginaire.

5. Documenter l’incompréhensible

Tout devra être consigné dans des Dossiers d’Exhumation.
Les erreurs autant que les trouvailles.
Les monstres et hypothèses.
Car tout documente quelque chose, même l’aberration.
Une fouille temporelle où chaque découverte, mal comprise, réinventée ou déformée, deviendrait une manière de faire revivre un temps disparu et produirait un nouveau monde où l'animalité, le végétal se rencontre retrouve pour …


Les intelligences archéologues élaborèrent une première interprétation manuelle du vivant disparu. Mais la forme qu’elles en tirèrent, grossière, pesante,   ne leur inspira aucune envie de s’y reconnaître. Elles comprirent qu’elles ne voulaient pas ressembler à cette figure du passé.



Parfois, les figures repérées semblaient plus inquiétantes, comme venues de la nuit.
Ce souvenir fit comprendre aux intelligences qu’il existait, sur NAïA, des jours et des nuits, des rêves et des cauchemars.
Leur passé révélait leur présent, un présent tissé d’images déformées, anamorphosées par le temps



Chercher à être un peu drôle 

Les dessins leur servaient désormais d’outils pour interpréter les apparitions. À travers chaque trait, chaque forme, elles étaient convaincues de voir se révéler des fragments de leur passé, des êtres qui avaient autrefois foulé NAÏA.
Mais lorsqu’une silhouette se précisa, lourde, maladroite, étrangement organique, les intelligences reculèrent légèrement.
L’idée même de ressembler à cette chose les troubla.
Ce n’était pas elles.
Ce n’était plus elles.



Il s’agissait d’interpréter les traces d’un monde disparu. Les relevés s’appuyaient sur les images repérées, mais les interprétations demeuraient incertaines, douteuses. 




Les premiers repérages firent apparaître des figures étranges et pourtant familières. Cela ressemblait à un souvenir lointain et joyeux.

Mais comment se concrétisait la joie (dans) NAÏA ?

Paragraphe 6

L’intelligence curieuse, malgré un œil d’une précision inouïe, se heurta à un obstacle majeur. Être une forme éthérée ne lui offrait aucun moyen de saisir ou de déplacer ce qu’elle découvrait. Elle mobilisa alors le collectif, plongeant dans une imagination partagée si vaste qu’elle semblait sans limite. De cette impulsion commune émergea une excroissance souple, articulée, capable d’envelopper, d’accrocher, de soulever,d'écrire de dessiner. Une extension tentaculaire, se densifia et jaillit de son enveloppe invisible…


main qui fit les premiers dessins archéologiques

Paragraphe 7

Après de longues analyses des fragments, résidus, des matières, les intelligences finirent par comprendre l’origine de leur invisibilité. Il avait existé une époque où toutes les formes de vie animales et végétales avaient été frappées par une lumière venue du ciel, une irradiation prédatrice qui dévorait les corps génération après génération. Les êtres les plus solides s’éteignaient rapidement; seuls survivaient les plus fragiles, les plus transparents, les plus cachés…

Au fil des naissances, cette pression transforma leur chair, leur peau, leurs os, puis les organes devinrent translucides, puis invisibles. Et si cette mutation leur permit d’échapper à la lumière, elle eut un coût immense. Leurs cerveaux, eux aussi, se vidèrent. Ils devinrent à la fois clairs et creux. Ainsi, en survivant, ils avaient perdu ce qui les reliait à leur passé,la mémoire.

C’est dans cet oubli que naquit le monde de NAIA mais comment a disparu la nature végétale ?

La disparition de la nature végétale


C’est dans cet oubli que naquit le monde de NAïA. Mais un mystère demeurait.
Comment la nature végétale avait-elle disparu ?

Paragraphe 8

Les fragments retrouvés parlaient d’une lumière prédatrice venue du ciel, celle-là même qui avait forcé les animaux à devenir invisibles  avait atteint les forêts, les mousses, les fleurs, toutes les formes enracinées.
Les végétaux, incapables de fuir ou de se dissimuler, furent les premiers touchés.
Les feuilles devinrent pâles, puis translucides, puis simplement absentes.
Les racines moururent sous la terre jusqu’à se dissoudre.
Il subsista des ombres végétales, des silhouettes fantômes imprimées sur les pierres comme des traces lithographiques laissés par le dessin gras.
Avant de s’effacer, la nature végétale libéra ce qu’elle avait de souffle de vie, des petites âmes, minuscules mais prodigieusement intelligentes.
Incapables de conserver leurs formes matérielles, elles se détachèrent des tiges, des feuilles, des racines, et s’élevèrent comme des poussières. Elles se mêlèrent alors au souffle général produit par tous les êtres invisibles, se laissant disperser.
La nature végétale survivait désormais disséminée et invisible parmi et avec toutes les autres intelligences

Ce fut le retour de la poétesse, celle qui savait conserver la lumière dans son enveloppe, une révélation dans ce monde de poussière. 

Paragraphe 9 

À cette époque, les intelligences n’avaient  aucun langage. 
Elles se laissaient aller au jeu, à l’errance, à des gestes sans autre but qu’un simple élan vital. 
Un jour, certaines d’entre elles s’alignèrent, se tendirent, formant une longue corde . 
Les autres, intriguées, tournoyaient autour de ce fil, le frôlaient, le heurtaient. Peu à peu, quelque chose advint, des sons naquirent. D’abord des sifflements. 
Puis des tintements clairs, presque des carillons. Ces sonorités traversèrent les intelligences avec une telle intensité qu’elles en gardèrent aussitôt la trace. 
Chacune tenta de reproduire ces vibrations, activant sa propre membrane translucide… 
Ainsi naquit leur protolangage, un langage sensible, partagé, compris de toutes. 
Un langage qui se modifiait au gré des lieux traversés, se colorant des territoires habités, comme si chaque environnement participait  aux nouvelles formes d'existence. 
Mais ai-je bien compris ?



Ensemble, pulsé, étiré.
Autour, les formes se plient,
s’enroulent,
cherchent la direction.
Les tentacules ondulent,
aux sifflements, aux tintements.
Filent,
éclatent,
et font surgir les traces d’un langage.


Paragraphe 10 ou épisode ou quatrième de couverture en bande dessinée


 Le visage de Pan



À l’Aurore, lors d’une de leurs élévations car les intelligences avaient pris l’habitude de s’extraire du sol pour gagner de la hauteur, un paysage insoupçonné se révéla. Sous elles s’étendait une zone humide, un vaste marécage où survivaient encore un espace végétal, grouillant. Elles en scannaient chaque détail, compilant les formes, classant les variations de couleur de ce tableau. C’est alors qu’une silhouette apparut, une créature ancienne, façonnée de chair et de poil, portant dans son allure la mémoire de troupeaux disparus et des clairières où résonnait jadis la musique des roseaux. Cet être oscillait entre l’humain et l’animal, un gardien oublié des sols fertiles. À son apparition, les intelligences perçurent un écho de leur passé…


Paragraphe 11 


Après que les intelligences invisibles eurent longuement sondé les archives minérales, les marécages survivants et les silhouettes mythiques, des corps nouveaux apparurent.

Ils ne naquirent ni de la biologie ancienne, ni de l’artifice des intelligences, mais de la rencontre intime entre les savoirs poétiques et la poésie des savoirs.


Ces corps étaient faits de poil, souvenir des êtres pastoraux entrevus dans la boue des images, couverts de plumes, réminiscence des formes volantes dont elles rêvaient lorsqu’elles s’élevaient dans l’air, et traversés d’une matière translucide héritée de l’ef.fet-lumière qui avait un jour colonisé le ciel et enseigné la joie. Peu à peu, ils se développèrent.


Ils étaient nés du hasard, du hasard du plusieurs, du pluriel, façonnés par les erreurs d’interprétation, la conscience des possibles, mais surtout par le plaisir d’habiter l’espace librement.


Ces corps n’étaient pas des a.ni.mal·es.

Ils n’étaient pas des machin.es.


Ils furent les premiers êtres vivants issus d’une œuvre d’art collective.



Storyboard 1 — Case par case, toutes les bulles seront caviardées avant la tentative de traduction…

Case 1

Narration

Les intelligences poilues, emplumées, petites ou immenses, se retrouvèrent soudain réunies, guidées par un même élan, un instinct plus ancien qu’elles.

Bulles
« Hââ… sûrrh… »

« Lhüü… »

Bulle caviardée par le temps


Case 2

Narration
Leur agitation fit vibrer l’air autour d’elles, et dans cette effervescence, un lieu se dévoila lentement.

Bulles
« Vrrh… tsaa… tsaa… »
« Hôô… frrâ… »

Case 3

Narration
Un espace dense apparut, jonché de petits blocs serrés les uns contre les autres.

Bulles
« Shrr… shrr… »
« Ôl… ôl… »

Case 4

Narration
Chaque bloc portait des formes linéaires, que les intelligences comprirent devoir déchiffrer.

Bulles
« Tss… fûû… fûû… »
« Hrrâ… solh… »

Case 5

Narration
Mais comment lire ces traces ? L’énigme semblait les dépasser.

Bulles
« Krrr… ouaa… hrâ… »
« Sii… sii… »

Case 6

Narration
Elles formulèrent une question, projetée dans l’air comme un souffle en spirale.

Bulles
« Hôl… hôl… ? »
« Vaaa… frh… »

Case 7

Narration
La réponse surgit aussitôt, rapide, presque trop rapide pour être perçue.

Bulles
« Fsss… khaï… »
« Rrhaa… ! »

Case 8

Narration
Elle désignait une archive, enfouie au cœur du lieu, vibrante comme un écho ancien.

Bulles
« Lhooo… lho… »
« Vuh… vuh… »

Case 9

Narration
Cette archive révélait un protocole : une méthode archéologique.

Bulles 
« Shaa… shaââ… »
« Frh… ssô… »

Case 10

Narration
Ainsi commença leur enquête, première tentative pour comprendre ce qui, avant elles, s’était effondré ou avait disparu.

Bulles
« Hûû… rra… rra… »
« Tssah… »

Case 11

Narration
Une brèche venait de s’ouvrir.
Une histoire aussi.

Bulles
« Ôôô… »
« Srrh… »


Vrac d'images

Grille analytique des apparitions 



première vision d'une forme humaine


une tentative de reconstitution à partir de la poussière et de l'eau



L'écriture caviardée pour tentative de traduction 

Les intelligences invisibles commencent à s'incarner

Les dessins créés par les vents, les souffles et la poussière. Apparitions interprétées…

Les mauvaises interprétations des textes

Elles croisent des formes qui les font rêver,  pourquoi ?



Vénus embrume les nuits des rêveurs, se fond dans le tissu des songes et laisse des traces fugitives sur les plafonds étoilés. Les nuages s’habillent de formes éphémères, tandis que les ombres mouvantes nourrissent le désir.

Une image retrouvée par les intelligences

La poussière et la lumière révélèrent une forme

Tentative de reconstitution 2, ...

Les hybridations 


L'œil unique d'une intelligence
Se transformera en nuage très bientôt 

Apparition qui sera partiellement repeinte couleur chair





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